e-Liberté, e-Liberté chérie

Quelques semaines après l’attentat contre Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, le pays tout entier et une majorité de pays dans le monde s’interrogent en boucle sur la liberté d’expression et ses limites : «Faut-il…», «Est-il bien nécessaire…», «Jusqu’où…», etc. Après le rassemblement unanime pour défendre la liberté d’expression, l’ambiance générale est plutôt à la prudence, au politiquement correct et aux doigts accusateurs : la prison, l’école, la politique de la ville… et Internet.

Dans ces moments de trouble, il est souvent salutaire de revenir aux fondamentaux : qu’est-ce que la liberté d’expression ? Mais aussi d’essayer de comprendre pourquoi Internet est-il ainsi visé, alors que les terroristes n’avaient visiblement pas été recrutés via les réseaux sociaux, ni endoctrinés en visionnant des vidéos sur YouTube. La volonté de réguler Internet est loin d’être une tentation nouvelle, les événements récents ne font que raviver un vieux débat entre sécurité et liberté, entre contrôle et laisser-faire, entre conservateurs et libertaires.

La liberté d’expression au cœur du contrat démocratique

En France, nous l’avons formalisée en 1789 dans les articles 10 et 11 de la Déclaration de l’Homme et du Citoyen : «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi» ; et «La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme, tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi».

Cette liberté a donc toujours été contenue dans un cadre restrictif, cadre qui a évolué au cours des siècles et qui diffère d’un pays à un autre, en fonction de son histoire et de sa culture. Par exemple, le blasphème n’est pas sanctionné en France, alors qu’il peut l’être en Irlande ou même en Allemagne…