Et si l’avenir se préparait en jouant avec ?
C’est trop injuste que tout devienne smart sauf les jouets. Les enfants, eux aussi, veulent s’amuser avec le futur. Il est même plutôt futé, commercialement, de se mettre les gamins dans la poche. Les constructeurs automobiles l’ont compris très tôt, à l’image de la très angoissante publicité pour la 806 de Peugeot que « les enfants conseillent à leurs parents » en 1995.
Alors, tandis que les tech companies ciblent de plus en plus souvent les enfants, l’industrie du jouet retrouve des couleurs avec les smart toys, dont le marché mondial devrait atteindre près de 7,5 milliards de dollars en 2018 selon l’Idate – à titre de comparaison, il était estimé en 2013 à 1,3 milliard de dollars. Pour faire simple, les smart toys ou jouets vidéo se composent d’un jouet (physique) équipé d’une connexion sans fil et d’une interface de jeu virtuelle, la plupart du temps une application mobile.
Première évolution remarquable apportée par les smart toys : les jouets deviennent de plus en plus autonomes dans leur interaction avec les enfants. Les doudous et les poupées ne se mettent pas seulement à parler, ils sont capables de tenir des conversations avec les humains. La poupée Cayla de la société britannique Vivid intègre par exemple une technologie de reconnaissance vocale qui lui permet d’interpréter les paroles de l’enfant. Elle est également dotée d’une connexion Internet afin de chercher les réponses par elle-même et enfin d’un système de synthèse vocale pour faire part à l’enfant du résultat de ses recherches. D’autres créateurs ont transformé les doudous en messagerie vocale, à l’image du nounours Elo qui est branché sur Whatsapp : un message envoyé sur le réseau social et Elo le lit à haute voix. Les jouets qui s’animent et qui se mettent à parler tous seuls… le cauchemar favori des enfants prend vie – enfin le second, le premier étant visiblement que leurs parents mangent tous les bonbons d’Halloween. Bref, les jouets du futur, c’est Toy Story en vrai !
Deuxième évolution et non des moindres : l’hybridation entre la manipulation physique du jouet et l’immersion du jeu vidéo. C’est une nouvelle expérience de jeu qui est en train de surgir devant nos yeux jaloux d’adultes nés à l’époque des Kiki, Barbie et autres GI Joe. Au-delà du business un peu réducteur des figurines de jeu vidéo, comme Skylanders, les jeux de plateaux virtuels nous font basculer dans une réalité augmentée plus que séduisante. A titre d’exemple, la société ePawn commercialise un écran tactile interactif et des puces qui s’accrochent à n’importe quelle figurine. Relié à un smartphone ou à un ordinateur, l’écran fait office de plateau de jeu sur lequel des parties de jeux vidéo interagissent avec les pions réels. Une autre illustration de ce mélange des genres : Anki drive, un jeu de course de voiture avec un circuit et des petites voitures bien réelles pilotées par smartphone et des possibilités de jeu virtuel, comme lancer des boules de feu à ses adversaires.
Dernière évolution, qui est plus culturelle qu’innovante : l’arrivée en masse des robots et des drones jouets. Figurant un futur technologique, nourris depuis des décennies par la science-fiction, les robots et les drones renvoient au musée des jouets et des arts forains les petites voitures, camions de pompier, hélicoptères téléguidés, etc. La société Parrot, connue pour ses systèmes de voitures connectées, a lancé ses minidrones Rolling Spider et Jumping Sumo à l’assaut de Noël. Côté robot, notons l’amusant MIP de Wowee, qui équipé de la technologie GestureSense se laisse guider d’un simple mouvement de main ou via des commandes sur smartphone. Eh oui ! Mieux vaut préparer les enfants dès maintenant à l’invasion des robots, car un enfant averti vaut deux parents au chômage, comme le prévoit des études récentes sur la robotisation massive des emplois.
Un petit conseil néanmoins : ne nourrissez pas les gentils robots Mogwai après minuit (ou même ne le faites jamais), car pilotés par des méchants Gremlins mangeurs de données, ils deviendront de redoutables jouets-espions. Reste à savoir, s’ils seront aussi drôles et insurgés que ceux de Joe Dante, mais ça, c’est une autre histoire…