PGW pour les intimes

by Chrystèle Bazin

Hier j’ai passé ma soirée à la Paris Games Week, pour l’inauguration, avec deux serial gameuses anonymes. Appelons les Peach et Yoshi en hommage à Super Mario.

Entrée du salon, trop de lumière, trop de bruit, des affiches géantes sur tapis bleu pétant, des écrans criards et bien sûr des manettes et des consoles en pagaille.

Moi : c’est bruyant non ?
Peach : c’est la première fois que tu viens à un salon de jeux vidéo toi !
Moi : ouais, ça doit être ça.

On zappe d’un stand à l’autre, jouant par ci par là, au départ rien de nouveau, que des noms connus : Bayonetta, la sorcière nue sous ses cheveux, Zelda et ses oreilles en pointe, Super Mario et son copain Luigi, énième version de Call of Duty… Yoshi a les yeux qui brillent, elle saute d’un écran à l’autre.

Yoshi : ça c’est la Wii U et ça c’est la Nintendo 3DS c’est en 3D sans lunettes
Moi (essayant d’être enthousiaste) : ah ouais… Ca fait mal aux yeux non ?

Bon je crois que je commence à perdre beaucoup de points crédibilité gaming… Petit passage devant le stand Orange. Il y a beaucoup de VIP « champagne et petits fours » en main, il est bientôt 21h, je meurs de faim.

Moi : tu n’as pas reçu d’invit d’Orange ?
Peach : non et toi ? Tu as écrit leur article sur la Games Week, t’es pas invitée ?
Moi : non par contre je peux te faire le topo du stand, alors il fait 266m2, là tu vois c’est le shooting photo en gif animé, là c’est Thor en exclu mondiale, là c’est les dessins 3D de Chris Carlson à la craie… C’est totalement conforme à ce que j’ai écrit. Et chez Microsoft tu connais pas du monde chez Microsoft ?
Yoshi : Si on connaît sûrement du monde…
Peach : Oui il doit y avoir [biiip] ou [biiip]
Moi (pleine d’espoir) : ouais parce que j’ai vraiment faim là, pas vous ?

On dirait que les vrais gamers n’ont jamais faim… Chez Microsoft, pas moyen de rentrer non plus. Soirée privée. Avec des hôtesses à l’accueil et des bras musclés, aucun responsable RP comme sur le stand d’Orange, ils doivent être en train de boire des coups.

Le lendemain, Peach recevra dans son casier le fameux sésame, mais un jour trop tard.

Dernière tentative sur le stand d’Ubisoft, même résultat. A noter la grande affiche pleine de promesses de Wacthdogs, mais juste l’affiche. Un peu plus loin le teaser d’un nouveau jeu Destiny du studio Bungie (Halo) et une figurine géante pleines de pics.

J’ai vraiment faim. Je n’ai peut-être jamais fait de salon de jeux vidéo, mais je sais quand même un truc, il n’y a pas de salon sans buvette. Je force donc mes deux acolytes à me suivre, je finis par découvrir une douce lumière, un Japan snacking. Ca fera l’affaire. Un muffin et un smoothie plus tard me voilà de nouveau sociable.

Côté spectacle, il y a deux trois shows amusants, des jeunes à paillettes qui jouent à Just Dance sur scène, avec un public qui suit le mouvement.

Des mauvais chanteurs à Just Sing, surtout après quelques bières. Et puis des pom pom girls sur musique techno dans l’espace eSport, c’est là que se déroule la coupe du monde du jeux vidéo (ESWC).

Je m’y arrête un peu, deux équipes de filles s’affrontent.

Moi : dis donc ils n’ont pas fait le casting que sur la vitesse de clic…
Peach : toutes les joueuses ne sont pas forcément moches
Moi : oui enfin toutes les joueuses ne ressemblent pas non plus à Sandra Bullock dans Gravity (petit placement cinéma). Mais bon je fais peut-être de la paranoïa anti-sexiste.

Un peu plus loin, sur un autre stand, deux présentateurs, équipés de casques et micros, ressemblent à deux commentateurs de foot : on ne comprend rien à ce qu’ils disent, mais ils s’acharnent à tenir l’antenne. Et sur la droite, une petite note décalée, un stand d’osthéo tout petit, qui jure avec la surenchère de lumière des autres stands. Et oui parce que mener une vie de gamers est dangereux pour la santé, alors pensez à vous faire masser régulièrement les omoplates.

Allez, assez de PEGI 18, on part chez les enfants. La meilleure partie du salon, enfin selon moi.

D’abord parce que j’y ai acquis une nouvelle voiture et qu’avec je vais faire enrager tous les enfants de 3 à 6 ans dans un rayon de 10km.

Ensuite parce que c’est là que se trouve le stand de Retrogaming ! Une petite partie de Pacman ? Ou de Space Invader sur bornes arcades ? Ou encore une partie de Bomberman à dix sur écran géant, bien installés sur des petits coussins ?

Moi (avec des petites étoiles dans les yeux) : oh ouah regarde une Play Station 1 ! Et là une console Amiga 32bit !
Peach : Eh bien je vois qu’on retrouve ses marques…
Moi : vraiment y a pas mieux que ces jeux-là !
Peach : oui enfin c’est surtout que t’es un peu vieille !
Moi (vexée) : mais non, c’est juste la vérité, ils ont tout inventé à cette époque-là. Regarde aujourd’hui, ils continuent à ressasser Super Mario, Donkey Kong, Zelda…

Bon je crois qu’elle n’a pas tort, je suis restée bloquée dans les années 90-2000.

Et enfin parce qu’il y a aussi le stand Made in France, avec des jeux très fluides comme Track Mania ou Shoot Mania, d’autres qui demandent un Master 2 et une vie entière de temps de jeu comme Endless Space Disharmony. On y joue beaucoup avec ses doigts (tactile oblige) mais aussi avec un doigt dans le leap (motion).

Il est 22h30. Je commence à avoir mal au crâne, à force d’avoir la tête dans les écrans, j’essaie désespérément d’attirer l’attention de mes deux serial gameuses très occupées. Ca prend pas mal de temps. Beaucoup de temps. Je n’y crois plus… Alors je rejoue à deux trois jeux en attendant. Et enfin :

Peach : bon je crois qu’on en a vu assez, on y va ?

Soulagement.

Dehors, il soufflait un vent glacial. Une bande de jeunes attendait dehors dans le froid. Ils étaient bien deux cents agglutinés contre les barrières Vauban devant l’entrée. Je les avais déjà vus en entrant. Intriguée, je me suis approchée.

Moi : Salut, euh… Mais vous faites quoi là ?
Un ado blond (parlant très vite sans articuler) : on est là pour côlôdoutigôst !
Moi : Quoi ?
L’ado : on est là pour côlôdoutigôst ! Les 500 premiers gagnent un collector.
Moi : ah… Call of Duty Ghost. Ah ok un collector, wouah (j’essaie de compatir à son enthousiasme) mais vous allez attendre là combien de temps ?
L’ado : ben ça ouvre à 8h30.
Moi : Quoi ! Demain matin ?!!!?
L’ado : ouais ! Ils ont dit les 500 premiers, là c’est bon, on va l’avoir.
Moi : Mais vous allez mourir de froid !
L’ado (me montrant un bout de toit au-dessus de lui) : non ça va on est protégés (avec le regard qui brille) et puis quand on aime on compte pas. Vous étiez en VIP ?
Moi : ouais enfin en petit VIP, j’avais juste un pass pour entrer à l’inauguration.
L’ado : et il vous reste pas des places des fois ?

Et oui, les fans de Call of Duty ne perdent pas le Nord, ils n’ont pas froid aux yeux quoi. Allez vous pouvez reprendre votre partie de Candy Crush.

 

Le site officiel de la Paris Games Week