De Solidarum

Sophie Ricard, photo Chrystèle Bazin

Sophie Ricard : donner un permis d’aller et d’agir aux citoyens

Les architectes Patrick Bouchain et Sophie Ricard investissent Pasteur, une ancienne faculté dentaire abandonnée dans le centre de Rennes, en 2013. Cinq ans durant, ils l’ouvrent aux besoins et envies de la population, laissant des acteurs sociaux expérimenter des approches hors cadre institutionnel : thérapies communautaires, inclusion par le sport ou par l’éveil des sens,…

« Toujours partir du principe que toute personne, même vulnérable, malade ou en fin de vie, a des capacités »

Catherine Tourette-Turgis a fondé l’Université des Patients, en 2009, avec l’objectif de recueillir les savoirs des patients et de les aider à transformer leur expérience de la maladie en expertise. Pour elle, l’attention à l’autre, notamment à l’autre vulnérable, commence par un changement de paradigme : approcher les malades par leurs capacités et non par leur déficit. L’approche capacitaire que vous défendez est-elle une réponse au manque de considération que les patients peuvent ressentir dans la relation de soin ? CATHERINE TOURETTE-TURGIS : Le problème de l’attention à l’autre dans la relation de soin et dans la relation au système…

Les données peuvent-elles faire le « bien » ?

Peut-on appliquer directement les méthodes du big data aux questions sociales et solidaires ? Une analyse des promesses et des dangers de l’utilisation des data sur le terrain de la solidarité, en particulier sous le regard de la mesure de l’impact social des actions. Habitués à faire parler les données dans l’intérêt économique d’une entreprise, les data scientist, ces ingénieurs mathématiciens au cœur de la mécanique algorithmique, sauraient-ils répondre à des besoins forts d’intérêt général ? C’est le pari de Datakind et de son fondateur Jake Porway. Il réunit, en effet, des data scientists bénévoles, lors d’événements ponctuels autour de…

Le numérique est-il compatible avec l’action solidaire ?

Qu’entendons-nous par « numérique » ? S’agit-il d’un outil, d’une technologie, d’un écosystème, d’un monde ou d’un peu tout ça à la fois ? Porte-t-il en tant que tel des valeurs, des façons de faire plus ou moins solidaires ? Peut-on le mettre, sans risque de dérive incontrôlée, au service de l’action sociale ? Nous vivons au contact des outils numériques : ordinateurs, logiciels et applications mobiles, appareils photo, réseaux sociaux, GPS, etc. En arrière plan, s’activent les technologies numériques : protocoles de communication, langages de programmation, algorithmes et intelligence artificielle, etc. Le tout s’inscrit dans un écosystème numérique qui met en relation les…

Et si la ville se réveillait plus solidaire ?

La vieille ville industrielle semble vivre ses dernières années, laissant un héritage écologique et social douloureux. De nouveaux modèles urbains émergent ; sauront-ils créer un nouvel imaginaire de la ville, aidant les générations futures à construire un monde plus solidaire ? Pendant plus d’un siècle, New York a été l’archétype de la ville, qui ne dort jamais et où tout est possible. Même le plus démuni pouvait s’y réveiller un jour « King of the hill » chantait Sinatra. Ce fantasme de la « ville spéculative (1) » cachait cependant un revers de médaille : celui d’une fourmilière d’individus agités,…

De l’intérêt général au bien commun ?

L’entrée d’un nouveau mot dans le langage courant ou sa substitution par un autre révèle parfois de grandes évolutions de société. Que pourrait-on dès lors conclure du glissement sémantique de « général » vers « commun », notamment dans « intérêt général » versus « bien commun » ? Et par ricochet, ce changement de vocabulaire viendrait-il attester d’une nouvelle conception de la solidarité impliquant plus fortement les citoyens ? « L’intérêt général serait le bien du prince, dans le sens où il est de sa responsabilité, et vise les biens publics et les règles générales de la cité. C’est l’exemple classique du service public à la française dont…